Expat à NYC : Mon job dans la mode 18


Il y a environ un mois dans le métro, je me suis retrouvée nez à nez avec une jolie jeune fille au look rock et à la silhouette aussi élancée que filiforme. Un book photo sous le bras et le plan du métro sous le nez, elle n’avait pas l’air très New-Yorkaise. Ce n’est ni le premier ni le dernier mannequin que je croiserai à cette période de l’année. A New York, le mois de septembre rime avec rentrée des classes, US Open et Fashion Week.

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Cette jeune fille un peu perdue, c’est ma madeleine de Proust à moi. Celle qui me renvoie cinq ans plus tôt quand je m’envolais pour New York avec une valise de 30 kilos et des rêves plein la tête. Je venais de décrocher un job d’assistante de production dans la mode. J’allais participer à la préparation de défilés pour la semaine de la mode. Un job à faire frémir de jalousie toutes les fashionistas de la planète. J’avais plusieurs années d’expérience dans l’événementiel à mon actif mais jamais dans cette industrie qui me faisait tant rêver. Mes références se limitaient pour le moment au Diable s’habille en Prada et à quelques documentaires de Loic Prigent.

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Alors c’est comment la Fashion Week New-Yorkaise, vue de l’intérieur ?

C’est assez difficile à décrire mais je vais faire de mon mieux. En gros, tout le travail fourni au bureau au cours des six derniers mois va prendre place devant nos yeux en une grosse semaine et ce deux fois par an (en février et en septembre). L’agence pour laquelle je travaillais était en charge de six défilés. Ils vont donc tous se succéder et il n’est pas rare d’avoir deux shows au programme le même jour (je vous dis pas l’angoisse).

Backstage, ça ressemble à une fourmilière qui vient de se faire attaquer. Ca grouille de partout et il y a dans l’air un doux parfum de stress et de paillettes. Mais avant tout, défilé rime avec imprévu, timing serré et système D. Un talon qui craque, un mannequin qui tombe dans les pommes, un éditeur important qui se fait désirer et tout votre monde s’effondre. Bienvenue dans le monde impitoyable de la fashion week new-yorkaise.

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En tant qu’assistante de prod, il faut se préparer à tout faire, de la tâche la plus créative à la plus rébarbative. J’ai porté des bancs trois fois plus lourds que moi, j’ai passé des nuits à peindre des murs et à décaper des meubles. Et oui, la mode n’est pas forcément synonyme de gros budget !Il y a souvent cette fausse image de filles précieuses qui bossent dans la mode mais en temps de rush, je vous assure qu’on est nettement plus proche de MacGyver que de Sarah Jessica Parker (du moins en production). Attention, je n’essaie pas de dresser un tableau négatif de ce job, bien au contraire ! Il y a plein de moments glamour et de rencontres avec des personnalités exceptionnelles et inspirantes. C’est sans aucun doute l’expérience professionnelle la plus formatrice de ma vie. A côté de ça, j’ai aussi eu des responsabilités importantes rapidement. Quand tu fais tes preuves aux Etats-Unis, on te fait confiance les yeux fermés beaucoup plus rapidement qu’en Europe.

J’ai eu la chance de côtoyer des gens plus créatifs et passionnés les uns que les autres. Des gens qui mettent tout en oeuvre pour réaliser leurs rêves dans tous les domaines possibles et (in)imaginables. Car travailler dans la production d’événements permet de rencontrer une multitude de corps de métiers différents. D’abord il y a toute la team qui gravite autour du créateur. Et puis tout ceux qu’il va falloir engager pour donner vie au défilé, ces artistes de l’ombre : des ingénieurs son et lumière, des techniciens, des floral designers, des coiffeurs, des maquilleurs,…en passant par des tonnes de profils plus atypiques comme des joueurs de harpe ou des éleveurs d’autruches. Chaque événement est un voyage dans un univers différent et c’est magique. On devient créatif au contact de créatifs et ça nous permet de nous façonner notre propre univers. Ca m’a permis de réaliser qu’il y avait de la place pour tout le monde et surtout pour les projets les plus fous. Et qu’il me restait juste à trouver le mien.

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Une chose importante à laquelle il faut aussi se préparer, c’est que votre capital sommeil risque d’en prendre un coup. Les journées sont longues et les nuits encore plus courtes. Le temps de rentrer chez vous et de vous doucher, il n’est pas rare de dormir seulement deux ou trois heures. J’étais tellement stressée lors de ma première Fashion Week que j’en ai fait des insomnies. Je rêvais de décors qui s’effondrent et de mannequins qui annulent au dernier moment… Ces scénarios désastreux ne se sont pas révélés prémonitoires pour la plupart, heureusement ! Ca peut paraître stupide pour certains mais on réagit tous différemment quand on fait un travail qui nous tient vraiment à coeur. En l’occurrence, je pensais à l’époque que c’était le domaine dans lequel je voulais faire carrière.

Cette année au coeur de la fashion sphère m’a fait comprendre beaucoup de choses. Elle m’a apprise que j’aimais la mode, mais peut-être pas autant que je ne le pensais. Ou du moins pas de la façon dont je le pensais. C’était peut-être plus une relation amicale où on se prend un verre une fois par mois pour prendre des nouvelles qu’une histoire d’amour passionnelle pour laquelle je voulais me donner corps et âme. Comme me le répétait mon boss, si on arrive pas à relativiser, on est mal parti. Il faut être capable de prendre un peu de recul à la fin de la journée. On vend des robes, on ne sauve pas des vies. J’avais maintenant les clés en main pour réfléchir à ce que je voulais faire de ma vie.

Envie d’en savoir plus sur mon expérience dans la mode ? Mon prochain article sera dédié au jour (enfin plutôt aux jours) où j’ai dû donner la becquée aux mannequins pendant les défilés !!! Quand je vous dis que j’avais de nombreuses responsabilités…

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About The Lazy Frenchie

Journaliste et blogueuse, Aurélie vit à New York depuis 2011. Elle a travaillé pendant de nombreuses années dans l’événementiel et plus spécifiquement pour les industries de la mode et du luxe. Quelques fashion weeks plus tard, elle partage aujourd’hui son emploi du temps entre une école de langues à Tribeca, où elle enseigne le français, et l’écriture d’articles pour divers sites et blogs féminins. Ses sujets de prédilection sont New York, les voyages, la mode, la déco, le bien-être et tout ce qui touche de près ou de loin à la cuisine. Suivez-la en image : @the_lazy_frenchie. Pour plus d’informations, contactez-la à l’adresse suivante: aurelie@thelazyfrenchie.com

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18 thoughts on “Expat à NYC : Mon job dans la mode

  • Julie

    Super article! Ca me rappelle tellement de bons souvenirs!! Comme quoi j’ai l’impression que l’evenementiel dans la mode est très proche de l’évènementiel dans le sport… tu me rajoutes le stress des conditions de vagues ou de la neige pour certains de nos events (comme quoi des fois la pluie c’est tellement une broutille haha) et on y est! lol

    • The Lazy Frenchie Post author

      Haha oui, j’ai fait un peu d’événementiel dans le sport à Bruxelles et il y a clairement des trucs qui reviennent 🙂

  • Claire

    Article super inspirant, j’aime lire les parcours comme le tien! Et je me retrouve tout à fait dans l’image du Mc Gyver du glamour (responsable marketing avec petit budget, salons et showrooms itinérants) Merci pour le reminder sur le fait qu’il y a de la place pour tout le monde, parfois j’oublie et c’est dommage

    • The Lazy Frenchie Post author

      Salut Claire,

      Merci, contente que l’article t’ait plus ! J’imagine que ça doit être pareil dans ton domaine, vive le système D 😉

  • Vanessa

    J’adore ton histoire et ce teasing pour le prochain post ! Ahaha !
    Comme toi, j’ai travaillé dans un univers “mode” et j’en suis revenue. A un moment j’en pouvais plus et maintenant j’ai envie de choses plus simple. Cependant, ça me fait toujours rire de lire les anecdotes et les tweets de Loïc Prigent 😉

  • Amy | Foodetcaetera

    J’aime bien ton article, il depeint avec justesse ce monde qui fait tant rever…. Et qui pourtant est bien plus sympa de l’exterieur que de l’interieur! 🙂 (D’ailleurs je n’ai Jamais compris cet engouement, peut etre que Les horaires de fou, les gens odieux et les salaires de misere ont des attraits qui m’echappent!) Bises
    Amy

    • The Lazy Frenchie Post author

      Salut Amy,

      Merci, contente que l’article t’ait plu !! J’ai travaillé plusieurs années dans la production d’événements dans un domaine tout autre que la mode avant ce job et les horaires sont toujours fous…C’est une industrie qui demande beaucoup de temps mais qui m’a toujours passionnée. J’adore tout le processus créatif par lequel on passe avant de voir l’événement prendre vie devant nous le jour J…. Mais pas de là à faire ma vie là dedans !

      Pour les gens odieux, j’étais bien loin du diable s’habille en Prada, je te rassure !!!

      Les salaires de misère c’est un fait…à moins d’avoir un poste très haut placé ou d’avoir ta propre boîte…

  • Koalatagada

    Ça fait à la fois rêver et peur ..
    Comme tu dis ce donner corps et âme au point de s’oublier ..
    Es ce un monde vraiment superficiel comme parfois il est décrit ?
    En tout cas ça doit être une chouette expérience a vivre ..
    As tu des projets futurs autres ?
    Bisou

    • The Lazy Frenchie Post author

      Hello Koalatagada,

      Oui certaines choses peuvent faire peur…l’important c’est d’arriver à garder une certaine distance avec tout le “drama” 🙂

      C’était une expérience géniale qui m’a apprise énormément de choses dans plein de domaines et surtout sur moi-même. Ca m’a confortée dans l’idée que j’avais besoin de faire quelque chose de créatif dans ma vie et surtout que les projets les plus fous sont possibles. Donc je tente de les réaliser à travers mon blog, mon IG et d’autres projets dont je parlerai très bientôt 😉